
Une preuve de vaccination pourrait vous être demandée pour voyager à nouveau en avion © myskin - Adobe Stock
Texte par
Fionn Davenport (traduit de l'anglais par Elodie Lécadieu)
Mis à jour le : 27 décembre 2020
Au revoir 2020, une année de confinements successifs, où le temps nous a semblé filer à toute vitesse. Alors que nous nous apprêtons à commencer un nouveau calendrier, l’espoir reste grand quant à la fin de ce cauchemar collectif, et nous espérons pouvoir enfin concentrer notre attention sur la vie au-delà de la cruelle tristesse de ces instants cloîtrés. Pour des millions d’en nous, c’est aussi l’espoir de pouvoir voyager à nouveau.
Après une année de chaos et d’annulations, le colosse à 9 milliards de dollars qu’est l’industrie du voyage peut difficilement se permettre de rester en cale sèche pendant une autre année et la première chose à faire est de s’assurer que les voyants restent au vert.
Les voyageurs frustrés se languissent de pouvoir parcourir le monde à nouveau et le secteur ne demande qu’à reprendre du service - pour preuve les nombreuses publicités faites pour inspirer les gens et les inciter à se projeter raisonnablement.
Mais même en tenant compte de la conjoncture pour le moins suspecte d’une pandémie qui résiste encore et toujours aux tentatives de contrôle, nous pouvons affirmer que si 2021 ne ressemblera pas à 2020, elle ne ressemblera pas non plus aux autres années. L’espoir de voyager à nouveau est lié à l’arrivée (plus rapide que prévue) d’un vaccin, mais il faudra attendre plusieurs mois avant d’atteindre une vaccination massive de la population mondiale.
Ce qui signifie que nombre des restrictions actuelles vont continuer à affecter nos déplacements - préparez-vous à devoir ajouter des masques et un paquet de lingettes désinfectantes dans votre valise.
S’il y a une chose dont vous n’aurez probablement pas besoin - du moins pas avant la fin de l’année 2021 - c’est une preuve de vaccination. Le CEO de Qantas, Alan Joyce, a provoqué quelques remous il y a quelques mois en déclarant qu’une preuve de vaccin pourrait être demandée avant de monter à bord d’un avion. Une demande inapplicable puisque cela clouerait au sol une clientèle importante que les compagnies attendent de revoir à bord.
L’option la plus probable reste celle du test négatif. Ce qui signifient que la majorité des aéroports vont devoir installer des centres de tests antigéniques et PCR où faire des prélèvements, même s’il nous semble important de préciser que si les compagnies aériennes pourraient se satisfaire d’un test antigénique négatif, de nombreuses destinations insisteront pour que vous arriviez avec un test PCR négatif - ce qui peut prendre 48 heures et vous coûter plus cher (même si en payant un peu plus cher vous pouvez avoir votre résultat au bout de 5 heures).
La technologie va devenir plus importante que jamais et nos smartphones et autres tablettes joueront un rôle central dans nos voyages. De nombreuses destinations inciteront les voyageurs à télécharger leur version d’une appli de tracking, mais nous auront sans doute aussi besoin d’utiliser d’autres applications nous apportant les dernières informations locales concernant l’épidémie ou de possibles retards et annulations. Cela nous permettra de pré-réserver à peu près tout, de nos repas à nos visites de musées, mais aussi de prévoir nos itinéraires s’il n’est pas possible de faire appel à un guide en personne.
Il existe d’ailleurs une nouvelle app appelée CommonPass qui permet aux voyageurs de présenter leurs résultats aux tests Covid sous un format standardisé, facile à lire pour les autorités - une manière de s’assurer que les visiteurs remplissent tous les critères exigés par le pays dans lequel ils veulent entrer (tout en protégeant leurs données privées concernant leur santé).
La technologie jouera aussi un rôle prépondérant dans l’organisation de nos voyages. Une nouvelle génération de start-ups utilise déjà les technologies digitales et les systèmes de tchats pour aider les voyageurs à prendre contact avec des agents de voyage locaux et ainsi programmer leurs prochaines aventures comme un safari au Kenya ou un road trip dans le bush australien. On peut vous citer par exemple la société Tourlane basée à Berlin, Evaneos à Paris ou encore The Trip Boutique à Zurich.
Voyager responsable et éthique prendra encore de l’ampleur en 2021. Juliet Kinsman, autrice de « The Green Edit : Travel - Easy Tips for the Eco-Friendly Traveller » estime que l’année 2020 « a donné à la nature la chance de guérir, et nous sommes nombreux à penser qu’il serait dommage de gâcher cela. Cette période nous a aussi beaucoup incités à nous rapprocher de la nature… et je pense que nous nous sommes tous plus ou moins reconnectés à ce dont nous avons besoin pour prendre soin de notre environnement et non pas pour le saboter - nous allons devoir faire face à ce petit problème qu’est l’urgence climatique qui se rapproche tous les jours un peu plus de nous. »
De nombreuses entreprises vont s’adapter à cette nouvelle demande. La société française The Explora Project, par exemple, organise des séjours-aventures en Europe et ne propose que des moyens de transports et repas à faible empreinte carbone.
Pour Juliet Kinsman, 2021 verra des populations davantage concernées par l’impact socio-économique de leurs choix de consommation, qui s’efforceront de dépenser leur argent en accord avec leurs valeurs. Cependant, « les gens sont friands de bonnes affaires » prévient-elle, « et nombreux seront les voyageurs qui auront un budget plus réduit et seront à l’affut de tarifs avantageux. »
Si la période est à la mise en avant abondante de bonnes affaires, à grands renforts d’incitations à la réservation - notamment des demandes de versements d’acomptes très bas et des conditions de réservations et de modifications très assouplies - la majorité des experts s’attendent à une remontée des tarifs dès que les voyages reprendront réellement.
Les compagnies aériennes seront dans un mauvais état financier, avec un trafic aérien très réduit et des services en vol bien différents. La crise va continuer à réduire le nombre de tours-opérateurs, les hôtels vont devoir faire face à des dépenses encore plus importantes en nettoyage, et les assurances voyage - qui pourraient bien devenir obligatoires pour tous les voyageurs - pourraient coûter plus cher que jamais.
Sans surprise, le créateur de Lonely Planet, Tony Wheeler, a tristement constaté : « ce nouveau monde risque de devenir bien triste si le voyage ne devient accessible qu’aux plus fortunés et si les années de césure, véritables rites de passage, venaient à s’arrêter. » Mais si l’augmentation des prix est plus que probable à court ou moyen terme, les prévisions à long terme annoncent un retour « à la normale » probablement vers 2022 ou 2023. Mais même si nous tirons des leçons de ce qui nous a été plus ou moins imposé pendant le confinement - l’environnement, l’état fragile de notre planète et le besoin d’organiser nos futures expériences de voyage de manière plus éco-responsable et étique - cela reste des suppositions.
Bien sûr, la donnée la plus incertaine de toutes reste le virus lui-même. En attendant que le vaccin soit disponible dans le monde entier, ce dictateur sans coeur va continuer à mener la danse. Espérons que 2021 soit l’année de la résistance.