Selon la légende, Zeus lâcha deux aigles vers chacun des deux bords du disque terrestre pour en trouver le centre. C’est au-dessus de Delphes, au sud de la Grèce centrale, que les rapaces se croisèrent. Au VIIIe siècle av. J.-C, on commença à y révérer Apollon au pied du mont Parnasse. Toutes catégories sociales confondues, les fidèles venaient de l’ensemble du bassin méditerranéen pour consulter son oracle, la légendaire Pythie. Grande prêtresse d’Apollon, ses visions influençaient histoires de cœur et déclarations de guerre. Le sanctuaire atteint son apogée entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C, et son rayonnement perdura jusqu’à l’époque romaine. Désormais classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le site de Delphes est incontournable. En y descendant, portez votre regard sur les oliveraies de la vallée et le golfe de Corinthe puis fermez les yeux pour vous imprégner de son énergie divine.
La visite de Delphes
Selon Cicéron, si l’oracle de Delphes était “couvert d’offrandes de peuples et de rois de tous les pays”, c’était grâce aux prophéties de la Pythie. De nos jours, le site attire toujours la dévotion, des milliers de visiteurs s’y rendant tous les ans.
Tel un ancien pèlerin, démarrez votre visite devant le célèbre tholos (380 av. J.-C.) du sanctuaire d’Athéna Pronaia, au sud-est de l’ancien site. Les croyants offraient leurs sacrifices dans ce temple de plan circulaire avant de se purifier à la source Castalie, dont la fontaine rafraîchit toujours les passants. Une fois arrivé au site principal, vous verrez les pavés de la Voie sacrée, dont le tracé a été restitué par les archéologues du XIXe siècle, qui serpentent jusqu’au temple. À l’intérieur du sanctuaire, des “trésors” bordent la voie, offerts par les cités-États en guise de remerciement pour les conseils de la Pythie. Le plus impressionnant est le trésor des Athéniens, en marbre de Paros. Reconstruit dans les années 1900, il daterait du début du Ve siècle av. J.-C.
Non loin, le rocher de la Sibylle marque le lieu où la première sibylle de Delphes rendait ses prophéties. Une pierre sacrée de forme conique, l’Omphalos, le “nombril du monde” grec antique, repose également le long de la route. Le plus important des monuments de Delphes reste le temple d’Apollon. Dominant le sanctuaire, ce pavillon dorique du IVe siècle av. J.-C. abritait une colossale statue d’Apollon éclairée par une flamme éternelle, ainsi que des offrandes. Entrant dans un état de transe sous l’effet de vapeurs échappées d’un gouffre, c’est en effet d’Apollon que la Pythie recevait ses visions, dans une chambre souterraine du temple. Les maximes “connais-toi toi-même” et “rien de trop” ornaient jadis le vestibule du temple. L’intérieur du temple n’était accessible qu’aux prêtres, les fidèles restant à l’extérieur.
À l’est, une réplique de la colonne serpentine, dont la version originale en bronze est désormais exposée à Istanbul, commémore la victoire des Grecs sur les Perses à Platées en 479 av. J.-C.
Les trésors du musée de Delphes
Ce magnifique musée, qui jouxte le site antique, renferme des trésors ; son exposition permanente fait revivre tout le faste de la Delphes antique. Une de ses pièces phares est une figurine en bronze représentant sans doute Apollon, sa coiffure épaisse étant typique de la sculpture dédalique du VIIe siècle av. J.-C. Ce style, qui tient son nom de son fondateur Dédale, est précurseur des statues de pierre de kouros. Deux d’entre elles furent d’ailleurs découvertes en 1893 près du trésor des Athéniens. Ces figures masculines idéalisées, avec leurs chevelures tressées, datent du VIe siècle av. J.-C. et pourraient représenter les frères Kleobis et Biton.
Tout aussi frappant, le Sphinx des Naxiens, en marbre de Naxos, domine la salle du haut de ses 2,9 m. Datant de 560 av. J.-C., il fut offert par le peuple de Naxos. Non loin, la frise en marbre du trésor de Siphnos dépeint, outre divers épisodes de la guerre de Troie, le combat des dieux et des Géants à travers des reliefs impressionnants. Dans la salle 11, les Danseuses de Delphes, trois caryatides coiffant une colonne aux feuilles d’acanthe, inspirèrent un prélude à Debussy.
Le chef-d’œuvre du musée est cependant l’éblouissant Aurige de Delphes (478-474 av. J.-C.), commandité par Polyzalos, prince de Sicile, pour commémorer la victoire de son char lors des jeux Pythiques. Sculpté à taille réelle, l’aurige (conducteur de char) fixe l’horizon de ses yeux de verre et de pierres semi-précieuses.
Quand visiter Delphes ?
Les meilleurs mois pour visiter Delphes sont avril et mai, avant les grandes chaleurs. Les touristes sont moins nombreux et les collines alentour tapissées de fleurs. Septembre et octobre sont très agréables. En été, des représentations de théâtre, musique et danse sont parfois organisées sur le site antique.
Comment se rendre à Delphes depuis Athènes ?
Delphes est à 2 heures 30 en voiture d’Athènes. On peut aussi prendre le train d’Athènes à Amfiklia, puis le taxi (comptez 1 heure) jusqu’à Delphes. Les bus KTEL relient régulièrement le terminal athénien de Liossion à Delphes (2 heures 30).