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Publié le 20/09/2019 9 minutes de lecture
L’Amazonie, dont le nom s’inspire des guerrières de la mythologie grecque, a toujours exalté l’imaginaire collectif. Quel voyageur n’a pas un jour rêvé remonter aux sources de la vie sur notre planète, avec en tête la démesure d’un fleuve fascinant, des images d’arbres géants et d’animaux magnifiques et surprenants ? Il ne faut pas s’attendre à voir un jaguar derrière chaque arbre ou à rencontrer un anaconda sur chaque rivage sous peine de revenir déçu. De fait, la véritable nature de l’Amazonie ne réside pas dans les superlatifs, mais dans les expériences simples qui confèrent toute sa dimension à un fleuve de légende : parcourir en pirogue la forêt inondée, s’assoupir dans un hamac sur un bateau remontant lentement le fleuve, se réveiller aux cris des singes hurleurs. Si vous prenez votre temps et oubliez les idées préconçues, l’Amazonie sera sûrement à la hauteur du rêve.
1. Explorer la forêt inondée de la Reserva de Desenvolvimento Sustentável Mamirauá
La remarquable réserve de développement durable de Mamirauá recèle une forêt tropicale intacte et une faune abondante. Assez facile d’accès, elle se situe à 1 heure 30 de bateau de la ville de Tefé, elle-même bien desservie par voies fluviale et aérienne. Le principal lodge, l’un des projets d’écotourisme les plus réussis d’Amazonie, assure un hébergement confortable et des excursions de premier ordre.Les safaris en bateau, la pêche traditionnelle et les rencontres avec la population locale font partie des activités qui complètent agréablement les randonnées ou sorties en canoë dans la forêt inondée, qui dépendent de la période de l’année et du niveau des eaux. La période d’inondation de la forêt dure de mai à juillet (à ne pas confondre avec celle des pluies, qui va de décembreà avril). On peut alors avancer entre les arbres en canoë, avec davantage de chance de croiser des singes ou des paresseux (mais également d’autres voyageurs, car il s’agit de la saison haute). La randonnée est possible de septembre à novembre, période durant laquelle les animaux aquatiques, comme les poissons ou les caïmans, sont plus nombreux à apparaître.On trouve à Mamirauá pas moins de 35 espèces de mammifères, dont 11 de primates, et 377 espèces d’oiseaux ont été à ce jour enregistrées. La faune s’avère bien plus riche et moins capricieuse qu’ailleurs. L’animal emblématique est un singe, l’ouakari. Mais vous y croiserez plus souvent le singe hurleur, le capucin ou le saïmiri à tête noire, cohabitant avec les paresseux, les caïmans et des dizaines d’oiseaux comme les aras, les toucans et les hoazins.Dans les eaux de la réserve vivent des dauphins et des lamantins, entre autres. Le margay (un chat sauvage vivant dans les arbres) est chez lui dans la forêt inondée comme sur terrain sec, mais, à l’image du lamantin, il se fait très discret.
2. S'aventurer dans la Reserva Extrativista Baixo Rio Branco-Januaperi
Cette immense étendue de forêt tropicale protégée est un vrai joyau pour l’écotourisme comme pour l’observation de la faune. Pour l’explorer à sa juste mesure, une semaine au minimum est nécessaire. Prendre son temps est en effet le meilleur moyen de croiser des primates (jusqu’à 10 espèces), des loutres géantes, dauphins, caïmans et, si la chance est avec vous, des jaguars, ocelots et margays (chats sauvages).La réserve est à 500 km en amont de Manaus et s’étend sur 400 km depuis les rivesdu Rio Negro. On y accède principalement par la rivière Jauaperi, au départ de Novo Airão. À l’est, la Terra Indígena WaimiriAtroari est un havre bien gardé. À l’ouest, le parc national de Rio Branco regroupe un vaste réseau de zones protégées sur tout le nord de l’Amazonie brésilienne. Cette réserve reste l’un des plus beaux trésors de nature sauvage d’Amazonie.Les excursions incluent de la randonnée et des sorties en canoë dans la forêt inondée. L’une ou l’autre de ces activités sera privilégiée selon le niveau des eaux et la saison. Les forêts sont généralement inondées de février en avril ; les zones sèches sont alors rares. La pêche est possible toute l’année.L’endroit se prête idéalement à l’observation de la faune sauvage. C’est ici le royaume des singes hurleurs, capucins, saïmiris et sakis, des ouistitis et tamarins, des dauphins gris et roses, des lamantins, des anacondas et boas constricteurs, des aras et des toucans.
3. S'immerger dans la forêt tropicale de la Floresta Nacional do Tapajós
Cette zone protégée (FLONA do Tapajós) abrite l’une des dernières étendues de forêt tropicale primaire de la région, et aussi l’une des plus aisément accessibles. Elle incarne l’Amazonie telle que nous l’imaginons. On y admire notamment des samaúmas (kapokiers) et d’autres arbres si larges que 20 personnes se donnant la main ne pourraient en faire le tour. La réserve s’étire sur 5 440 km² à l’est du Rio Tapajós et fait la joie de nombreuses espèces d’oiseaux, comme le sarcoramphe roi, maître des lieux, mais aussi de félins très discrets (comme les jaguars et les ocelots), des singes hurleurs, des sapajous et autres capucins.Les villages des rives du fleuve, Maguarí et Jamaraquá, les premiers à s’être ouverts au tourisme, offrent hébergement, excursions et autres services bien établis. São Domingo, à l’entrée du parc, possède aussi de modestes infrastructures touristiques.Passer par ces villages signifie néanmoins se retrouver à 2 heures 30 de marche de la forêt primaire et de ses arbres géants.
4. Voguer sur les marécages du Lago do Maicá
Les plaines inondables à l’est et au sud-est de Santarém comptent parmi les plus belles excursions qu’offre l’Amazonie. Inondées la majeure partie de l’année, elles sont le théâtre d’une vie à l’état sauvage où l’on croise des oiseaux (toucans et aras, pour ne citer qu’eux), des dauphins roses, singes hurleurs, paresseux ou anacondas. Le lever et le coucher du soleil sont d’une rare beauté, et la tranquillité est reine. Partez en bateau la nuit, explorez la forêt inondée en canoë, loin des foules. Gil Serique y propose des sorties particulièrement réussies.
5. Faire une pause détente à Alter do Chão
Alter do Chão, à 33 km à l’ouest de Santarém, est un village fluvial qui attire les habitants de cette ville voisine le week-end et durant les vacances. Elle est surtout connue pour la pittoresque Ilha do Amor (île de l’Amour), ourlée de sable blanc, qui lui fait face.Bien plus qu’une destination balnéaire, Alter do Chão jouxte un vaste lac, le Lago Verde, que l’on peut parcourir en pirogue ou en stand-up paddle (SUP). C’est aussi le point de départ d’excursions en bateau vers des réserves forestières et des villages isolés. Enfin, la localité abrite l’une des meilleures boutiques d’artisanat indien d’Amazonie.En plus de l’Ilha do Amor, des plages plus éloignées – Pindobal (8 km), Cajutuba (16 km), Aramanai (26 km) et Ponta de Pedras (28 km) – sont accessibles en voiture ou dans le cadre d’une excursion organisée. Plutôt construites, elles disposent de restaurants au bord de l’eau. Si vous cherchez aucontraire un site vierge et isolé, parlez-en à un tour-opérateur.Les sports d’aventure sont rois : SUP, planche à voile, kayak, VTT, accrobranche (arbolismo)… Renseignez-vous auprès de Mãe Natureza, Areia Branca Ecotour ou Gil Serique.
6. Flâner dans les marchés de Belém
Porte d’entrée orientale sur l’Amazonie, Belém mérite en elle-même un arrêt de quelques jours (au bas mot). Elle est très plaisante, avec ses rues et parcs bordés de manguiers, ses demeures aux façades pastel évoquant les fastes d’un lointain passé, ses intéressants musées, ses marchés aux odeurs enivrantes et ses honorables bars-restaurants. Belém est également un très bon point de départ pour une escapade d’une ou plusieurs nuits à Algodoal et à l’Ilha de Marajó, deux jolis points de chute sur la côte.Le Mercado Ver-o-Peso au bord de l’eau, avec ses quatre tourelles emblématiques sur sapartie sud-ouest, doit son nom aux colons portugais qui allaient ver o peso (vérifier le poids) des marchandises pour fixer ensuite les taxes afférentes. La variété des fruits, animaux, plantes médicinales et autres produits qui y sont vendus est saisissante. Pour voir les pêcheurs décharger leur prise du jour, allez-y de bonne heure. Certains stands vendent des souvenirs. Prenez garde cependant aux pickpockets (évitez d’y venir après 17h).Un ambitieux projet de rénovation a transformé trois entrepôts délabrés sur les quais en un lieu de rendez-vous prisé, l'Estação das Docas, doté de restaurants, de bars, de boutiques et même d’un cinéma d’art et d’essai. S’y ajoutent des expositions sur l’histoire de Belém, une poste et de nombreux DAB. Profitez de la vue sur le fleuve et, la plupart des soirs, de concerts donnés sur une petite scène mobile en hauteur se déplaçant lentement dans l’espace restauration.
7. Se promener dans Manaus
Manaus, métropole inattendue implantée au beau milieu de la jungle, est la plus grande ville d’Amazonie ; elle est doublée d’un vaste port international, à 1 500 km de l’océan. La forêt tropicale amazonienne présente une densité de population très faible, cependant le voyage vers ses profondeurs commence (ou passe) invariablement par cette rude cité. Le paradoxe est assez troublant. Si Manaus n’est pas un bijou d’architecture, elle ne manque pas de sites intéressants, et on y profite d’un zoo ombragé et d’une appréciable possibilité de journées associant plage et musée. C’est aussi l’endroitidéal pour des achats de dernière minute, des réservations, et pour commencer votre périple dans la jungle, où bien, après une semaine passée en forêt, vous reconnecter avec le monde.
8. Expérimenter l'Amazonie sauvage sur le Rio Urubu
Pour faire l’expérience de l’Amazonie, de sa beauté sauvage et préservée, il faut généralement quitter Manaus pour quelques jours – la forêt tropicale qui entourait la plus grande ville d’Amazonie a disparu depuis longtemps, victime de l’urbanisation et de l’exploitation par l’homme des ressources naturelles. Le Rio Urubu en est d’autant plus une très belle surprise.À seulement deux heures de voiture de Manaus (il vous faudra prendre le bateau pour rejoindre votre lodge), le Rio Urubu renferme des écosystèmes tropicaux intacts et riche d’une faune sauvage (et presque sans moustiques, ce qui est une excellente nouvelle). On y a croisé, en une seule journée, plusieurs espèces de singes, une martre à tête grise, un fourmilier et des oiseaux splendides. Cela peut être l’occasion de faire une randonnée dans la jungle, de partir en canoë dans les entrailles de la forêt inondée, de rencontrer des habitants, de pêcher ou de camper sur place. Renseignez-vous en fonction du niveau des eaux et de la saison.Deux organisateurs notamment proposent des circuits : Amazonas Indian Turismo y possède un lodge tout en bois, et Amazon Antonio Jungle Tours deux très bons établissements.
Amazon Antonio’s Lodge (92 99961-8314 ; Rio Urubu ; par pers en dort/ch avec sdb privative et repas inclus à partir de 330/375 R$). Antonio Gomes, également à la tête d’Amazon Antonio Jungle Tours, a fait construire un splendide lodge sur les rives (sans moustiques) du Rio Urubu, dans un écrin de forêt préservé. À deux pas d’une faune sauvage et d’arbres géants, on peut dormir dans un dortoir avec hamacs ou lits superposés, ou dans un bungalow ou chalet de bois. Les chambres sont superbes, notamment celles des chalets, qui se prolongent sur de grandes terrasses avec hamacs. La salle de repas est ouverte sur le fleuve. Une tour d’observation de trois étages réserve des panoramas inoubliables, notamment au coucher du soleil. Pêche, randonnée, canoë, camping y sont proposés.
Pousada Cumaru (92 99961-8314 ; Rio Urubu ; par pers en dort/d avec sdb partagée, repas inclus 360/400 R$). Ici, les moustiques sont plus présents, mais cette petite pousada aux chambres simples et spacieuses est vraiment un bijou. Les salles de bains et balcons sont partagés, tout comme la belle vue sur le fleuve. Jolie salle de repas, cuisine maison par une famille de la région. Propriété d’Amazon Antonio Jungle Tours, dont on peut également réserver le lodge en amont du Rio Urubu. Toutes les activités déjà mentionnées y sont possibles. Les étroits méandres de la rivière mènent au majestueux Amazone.
9. Faire une croisière sur le fleuve entre Manaus et Santarém
Les fleuves sont les vraies routes de l’Amazonie, et une croisière fluviale constitue uneexpérience emblématique. Lenteur et langueur caractérisent ces voyages qui se comptent en jours plutôt qu’en heures. La plus grande partie du trajet se passe sur le pont supérieur à regarder défiler le paysage. Les conversations enjouées et arrosées y vont bon train au son d’une musique assourdissante. Le pont intermédiaire, où les hamacs se balancent, est l’endroit où il fait bon lire, se reposer ou encore pratiquer le portugais avec son voisin. La nuit tombe vite et le ciel au-dessus du fleuve est alors spectaculaire !Une croisière de 2 ou 3 jours suffit le plus souvent – le voyage devient vite lassant, avec le bruit constant de la musique et des moteurs. Les bateaux naviguent enprincipe loin des berges, ce qui réduit à néant les chances d’apercevoir des animaux. Enfin, il est parfois judicieux decombiner bateau et avion(vous déplacer en avion ne coûte pas beaucoup plus cher et cela vous permettra de consacrer du temps aux visites et aux activités).Le trajet entre Belém et Santarém (2 jours) est intéressant. Après avoir franchi la zone soumise aux marées autour de Belém et l’étroit canal de Breves, vous longerez des promontoires vers Monte Alegre avant de regagner l’Amazone proprement dit près de Santarém. En revanche, de Santarém à Manaus le bateau remonte exclusivement l’Amazone. Le Rio Negro, surtout dans sa partie supérieure, se faufile entre des archipels et assez peu de bateaux l’empruntent. Pittoresque, le trajet de Porto Velho à Manaus sur le Rio Madeiraest un bon choix d’itinéraire bis par rapport à l’Amazone.