Art, culture & société

6 playlists musicales à emporter en voyage

Certaines villes incarnent à elles seules un style de musique. Quelques décibels dans les oreilles et vous y voilà transporté, dansant en pleine rue.

1. La pop scandinave à stockholm

Non, les Suédois ne se résument pas aux ritournelles du goupe Abba. Depuis la fin des années 1990, la pop made in Sweden alimente les charts internationaux. Le pays est le troisième exportateur de musique, et Stockholm, la capitale, compte le plus grand nombre de studios d'enregistrement par habitant au monde! Artistes du cru: Cardigans, Jay Jay-Johansson, Peter Bjorn and John, Robyn, pour balayer large. Mais Britney Spears a aussi fait le voyage. Secrets de la réussite, une éducation musicale prodiguée partout, dès la petite enfance, et des binômes auteur/compositeur qui accouchent de tubes en série, plus vite et moins cher qu'ailleurs.

Stockholm abrite des salles de concerts et des studios en pagaille. Bons plans certifiés : le Pet Sounds Bar, avec sa cave animée par des DJ-sets et des concerts mensuels assez pointus ; le Sodra Bar, vue panoramique sur la ville et concerts hebdomadaires ; le Mosebacke, avec sa terrasse qui fait face à l'île de Skeppsholmen et la vieille ville, où se produit la crème de la scène suédoise ; sans oublier le Scandic Malmen, un palace quatre étoiles, dont l'espace bar voit les DJ se succéder toute la nuit. Pas le temps de chercher ? Voici uneplaylist Spotify 100% scandinave

2. La brit pop à Londres

Un sursaut d'orgueil national et la nostalgie de petits gars de Manchester et Londres pour leurs glorieux aînés des années 1960–1970. La brit pop n'a rien révolutionné mais a prospéré en réaction à la déferlante grunge portée par Nirvana et consorts. Du rythme et des mélodies entraînantes. Avec deux groupes pour se tirer la bourre, les prolos d'Oasis et les bourgeois de Blur. Sans oublier Suede ou Belle et Sebastian, porte-drapeaux de la Cool Britannia qui reprenait en partie l'esthétique et le look des Mod's. Le filon n'est toujours pas épuisé. Arctic Monkeys et Franz Ferdinand le creusent, mine de rien.

Le quartier à ne pas manquer pour respirer les effluves de la brit pop, c'est Camden Town. Aujourd'hui creuset des modes vestimentaires tous azimuts, des gothics aux alters en passant par les punks, Camdem abrite encore des bars et des boutiques aux couleurs de la Cool Britannia, velours, polo Fred Perry et chaussures ad hoc. Le style a essaimé un peu partout dans Londres mais l'East End recèle des endroits plus indie, à découvrir vers Shoreditch et Bricklane.

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3. Le Motown de dEtroit

Detroit l'ouvrière, aujourd'hui sinistrée, doit son surnom de Motown («Motor Town») à l'automobile mais il restera pour toujours associé à la musique. Le blues et le jazz étaient déjà profondément enracinés dans la ville quand un jeune entrepreneur du nom de Berry Gordy créa le label Motown en 1959 pour produire de la soul, alors en pleine expansion. Aidé par son flair et un sens des affaires redoutables, Gordy fit signer de jeunes talents prometteurs (Diana Ross and the Supremes, the Temptations, Marvin Gaye, Stevie Wonder, pour ne citer qu'eux), qu'il propulsa au sommet des charts. Derrière ces têtes d'affiche, des musiciens de studio restés dans l'ombre, les Funk Brothers, qui conçurent un son reconnaissable entre mille, savant mélange de soul mâtiné de nettes influences pop. Gordy abandonna Detroit en 1972 pour Los Angeles mais la ville est restée un haut lieu de la musique: le groupe de punk-rock des Stooges, le duo rock des Whites Stripes ou le rappeur Eminem en sont originaires, de même que des DJ pionniers du mouvement techno comme Juan Atkins, Jeff Mills, Carl Craig...

Detroit garde le souvenir de la grande époque de la soul music au Motown Historical Museum, établi là-même où Berry Gordy lança son label. Le musée se situe à 3 km au nord-ouest de Midtown. Ravagée par un long déclin dû à la crise de l'industrie automobile, Detroit présente un aspect délabré mais n'en dégage pas moins une énergie unique en son genre.

4. Le funk de Rio (Brésil)

DJ Marlboro et tous les MC's (Masters of Ceremony) des favelas de Rio qui bricolent du son incarnent ce qu'on appelle le funk carioca. Issu d'une jonction musicale du funk et du Miami Bass, le funk de Rio, souvent surnommé baile funk (littéralement, «bal funk») hors de ses frontières, fait fureur au Brésil, où il est apparu sous sa forme actuelle dans les années 1980 (avec le développement de l'électronique). Paroles à très fortes connotations sexuelles (voire aux évocations sexuelles franches, allant de pair avec un déhanchement d'illustration), revendications sociales, apologie des gangs, les morceaux, du hip-hop à la mélodie (rarement romantique, faut-il le préciser) percutent à grands coups de rythmes rapides et de samplings. Avec Zebulon Fyah, autre figure de la scène brésilienne, le reggae s'y immisce davantage. Un style métissé qui reste l'apanage des Afro-Brésiliens et des déshérités et qui, comme tout symbole de rupture sociale, se trouve souvent dans le collimateur des autorités.

On a pu comparer le funk carioca à un programme social car il fait vivre beaucoup de gens à Rio. On dénombre près de 500 bailes par semaine dans l'État de Rio, qui regroupent des milliers de funkeiros ! La Zona Sul, les écoles de samba (hors préparation du Carnaval), des clubs tel le Clube do Boqueirão, et les favelas du Cantalago, près d'Ipanema, ou de Morro dos Prazeres fourmillent de Dj et de pistes. Ne vous emballez pas pour autant, ces lieux de mixité sociale abritent un code de conduite très ritualisé dont vous n'aurez pas toutes les clés. Tenue conseillée, pectoraux à l'air pour les garçons, ventre nu et jean déchiré pour les filles. C'est chaud, mais surtout ludique et chorégraphié. Pour initiés.

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5. L'Électro de Berlin

La techno et l'électro, minimale ou pas, ont vécu une love affair avec Berlin depuis les années 1990 et la chute du Mur. Ses DJ et ses mixtapes sont entrés dans la légende avec le club du Trésor puis toutes les boîtes qui ont allumé leurs boules disco dans les sous-sols et les friches industrielles des bords de la Spree. Romantique, dark, new wave, le spectre nocturne de l'électro berlinoise n'a cessé de s'élargir. C'est une spécialité allemande, le premier studio d'enregistrement de musique électronique a vu le jour à Cologne, en 1951. Un demi-siècle plus tard, la scène underground de Berlin multiplie les expérimentations et les meilleurs clubs produisent leurs sons sous leur label.

« Berlin, ville pauvre mais sexy » dixit son maire. C'est de moins en moins vrai car la ville construit à tout va maisles noctambules y trouvent encore leur compte.La liste est longue des endroits branchés : le Berghain bien sûr, la Sixtine de l'électro dans le quartier de Friedrichshain, élu meilleur club de la planète en 2009 ; le Bar 25 à Kreuzberg (en sommeil mais il va rouvrir) ; Maria Am Ostbanhof, un club de techno logé dans un hangar décrépit de Friedrichshain ; ou le Kit Kat Club, réputé pour ses soirées fétichistes.

Pour vous remettre l'esprit en place, rendez-vous dans cette immense cour de récré qu'est devenu l'ancien aéroport du Tempelhoff. C'est cool, familial, aéré, bref, typiquement berlinois.

6. Le hip-hop de Dakar (Sénégal)

Formée dans les années 1980, la scène hip-hop sénégalaise est entrée dans la culture quotidienne d'un pays chanté par les griots à travers les tassu, ces poèmes improvisés à partir d'un proverbe. La jeunesse dakaroise a couplé les beats américains avec des paroles et des sons très couleur locale, exprimant sa révolte en musique, sans le côté matérialiste du rap d'outre-Atlantique. Le groupe Daara J a connu un grand engouement en 2004 pour son album Boomerang. Ses deux membres, Ndongo D et Faada Freddy, font la paire pour positiver malgré la misère: l'un rappe avec rage et rigueur quand l'autre part dans des envolées musicales, tour à tour voluptueuses et hargneuses. Parmi les autres artistes hip-hop de la scène sénégalaise: Xuman, Nixx, Biss Bi Clan, entre beaucoup d'autres.

Le Battle National-Danse Hip-Hop, à Dakar, rassemble la crème des musiciens et danseurs du pays. Mais ni les lieux ni les occasions ne manquent dans la capitale du hip-hop de l'Afrique francophone pour baigner dans cette musique urbaine et volubile. Composante indissociable, le graf et le street art couvre aujourd'hui les ponts, palissades et murs de la ville. Blazes vedettes : Zeinix, 2mgraff ou Docta.

Lire notre article : playlists voyageuses

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