Le canal de Corinthe dans le Péloponnèse en Grèce.

Péloponnèse

Corinthe

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À l’entrée du Péloponnèse, Corinthe a deux visages : une ville moderne, sur la côte, et une ville antique qui déploie ses vestiges, essentiellement romains, à 7 km de là dans les terres. Toutes deux se trouvent à 80 km environ à l’ouest d’Athènes, derrière le canal de Corinthe. Percé dans l’isthme du même nom, celui-ci relie le Péloponnèse au reste de la Grèce continentale en séparant le golfe de Corinthe du golfe Saronique. 

C’est à Corinthe que le légendaire Jason s’exila après avoir ravi la Toison d’or avec ses Argonautes. La cité antique a aussi accueilli saint Paul, qui y enseigna l’Évangile, et Pausanias, grand géographe voyageur du IIe siècle. Marchez sur leurs traces en visitant le temple et le péribole d’Apollon, le théâtre antique et bien d’autres merveilles.

Puissance du monde antique

Aux VIIe et VIe siècles av. J.-C., Corinthe était l’une des plus riches cités de la Grèce. Ses ports jumeaux, l’un sur la mer Égée (Kenchrée, près de Kechries), l’autre sur la mer Ionienne (Lechaion), lui permirent de commercer avec toute la Méditerranée. Corinthe résista à la guerre du Péloponnèse et s’épanouit sous la domination macédonienne. Détruite par les Romains, elle fut reconstruite en 44 av. J.-C. par Jules César et redevint alors un port prospère.

Visite de la ville antique

Au sein d’une bourgade moderne, la Corinthe antique est un trésor de vestiges, datant pour la plupart de l’époque romaine. Au sud des colonnes doriques du temple d’Apollon (Ve siècle av. J.-C.) s’étend une immense agora bordée au sud par les fondations d’une stoa. Ce long portique soutenu par 71 colonnes fut édifié pour la venue des représentants des cités grecques, réunis en 337 av. J.-C. pour rendre allégeance à Philippe II, roi de Macédoine. Au milieu de l’alignement central de boutiques, on remarque le bêma, podium en marbre d’où les proconsuls de Rome s’adressaient au peuple. Saint Paul y aurait été jugé pour prédication illégale. 

En bordure est de l’agora, on découvre les ruines de la basilique julienne et, plus au nord, la fontaine Pirène, qui serait alimentée par les larmes que la nymphe du même nom versa à la mort de son fils Cenchrias, tué par Artémis. À l’ouest de la fontaine, des marches mènent à l’ancienne voie principale du port de Léchaion. Sur le côté est de la route, le péribole d’Apollon est une vaste enceinte délimitée par des colonnes ioniques, dont certaines ont été restaurées. 

Non loin, d’antiques latrines publiques ont conservé quelques sièges. Au sud du musée se dressent encore quelques colonnes d’un temple identifié par Pausanias comme celui d’Octavie, sœur de l’empereur Auguste. Face à l’entrée du site se dressent les ruines du théâtre antique (15 000 places) construit au Ve siècle av. J.-C. et de l’odéon (couvert) romain du Ier siècle. 

Surplombant la Corinthe antique, l’imposant bloc de calcaire de l’Acrocorinthe est le seul témoin d’une remarquable fortification naturelle. Une fois franchies les trois portes, on contemple ses solides remparts (3 km de long) entourant des chapelles byzantines, des maisons et des mosquées turques.

Le canal de Corinthe, une merveille d'ingénierie

Le canal de Corinthe est une merveille technique creusée dans la roche sur plus de 6 km de long et 23 m de large – il s’étire entre des parois verticales s’élevant à 90 m au-dessus de la mer. 

L’idée de percer un canal dans l’isthme de Corinthe pour relier les mers Ionienne et Égée est attribuée à Périandre, tyran de la cité de Corinthe à la fin du VIIe siècle av. J.-C. Reculant devant l’ampleur de la tâche, il opta pour une voie pavée (diolkos) sur laquelle les bateaux pouvaient être tirés à l’aide de chariots. 

L’idée ne manqua pas de séduire d'autres dirigeants, d’Alexandre le Grand à Caligula, mais c’est Néron lui-même qui lança les travaux en 67, avant de mobiliser 6 000 prisonniers juifs. Le chantier fut cependant interrompu par les invasions gauloises. On le relança en 1882 et la percée fut achevée en 1893. 

Le canal contribua à faire du Pirée un port majeur de la Méditerranée. Bien qu’encombré de cars touristiques, le principal pont qui l’enjambe offre une belle vue sur le chenal. 

Rendez-vous à Isthmia, le village voisin, pour voir le pont submersible et son mécanisme au passage des bateaux. 

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