Intérieure de la Chapelle Sixtine

Rome

Musées du Vatican & Chapelle Sixtine

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De toutes les merveilles artistiques de la Ville éternelle, peu ont la puissance des fresques de Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine. Ce kaléidoscope d’images et de couleurs forme le bouquet final des musées du Vatican, la plus importante collection d’art de Rome. Les œuvres se succèdent sur des kilomètres de galeries menant aux quatre chambres de Raphaël et, au-delà, à la fameuse chapelle.

Visiter les musées du Vatican 

La visite des musées du Vatican est inoubliable. Avec quelque 7 km d’expositions, cet immense ensemble muséographique abrite l’une des plus importantes collections d’art au monde. Ses points forts comprennent une collection spectaculaire de statues antiques dans le Museo Pio-Clementino, une enfilade de fresques peintes par Raphaël et la chapelle Sixtine, sublimée par Michel-Ange. Fondés par le pape Jules II au début du XVIe siècle, ces musées occupent les salles et galeries richement décorées du Palazzo Apostolico Vaticano. Cet ensemble de 5,5 ha se compose de deux palais, le palais original du Vatican (plus proche de Saint-Pierre) et le Palazzetto di Belvedere datant du XVe siècle, reliés par deux longues galeries. Trois cours sont ménagées à l’intérieur : le Cortile della Pigna, le Cortile della Biblioteca et, au sud, le Cortile del Belvedere. Soyez sélectif, car il est impossible de tout visiter en une journée. Les œuvres exposées sont légendées de manière succincte – un audioguide ou le Guide des Musées et de la Cité du Vatican vous en apprendra davantage. 

La Pinacoteca 

Souvent ignorée des visiteurs, repus de chefs-d’œuvre, la Pinacothèque pontificale recèle quelque 460 toiles datant du XIe au XIXe siècle. Dans le bâtiment, construit à la demande de Pie XI et achevé en 1932, on découvre au gré de 18 salles des œuvres de Giotto, Fra Angelico, Filippo Lippi, le Pérugin, Titien, Guido Reni, le Guerchin, Pierre de Cortone, le Caravage et Léonard de Vinci, accrochées par ordre chronologique et selon les écoles. Admirez les trois toiles de Raphaël dans la salle VIII : la Madone de Foligno, le Couronnement de la Vierge et La Transfiguration, terminée par ses élèves après sa mort en 1520. Les autres œuvres phares comprennent le Couronnement de la Vierge, anges saints et donateurs de Filippo Lippi, l’envoûtant Saint Jérôme inachevé de Léonard de Vinci et la Mise au tombeau du Caravage. 

Le Museo Chiaramonti et Braccio Nuovo 

Ce musée occupe une longue galerie au premier étage de l’aile est du Palazzetto di Belvedere. Contre ses murs s’alignent près d’un millier de statues et de bustes de divinités, de chérubins joueurs et de patriciens à la mine sévère. Non loin de son extrémité, sur la droite, le Braccio Nuovo (Nouvelle Aile) abrite une célèbre statue couchée du dieu Nil sur lequel batifolent seize bambins (Ier siècle). 

Le Museo Pio-Clementino 

Installé dans le palais du Belvédère, le formidable Museo Pio-Clementino rassemble des statues antiques parmi les plus admirables des musées du Vatican, notamment l’inégalable Apollon du Belvédère et le Laocoon, une œuvre du Ier siècle. Ces dernières sont exposées dans le Cortile Ottagono (Cour octogonale). Avant d’entrer dans la cour, prenez le temps d’admirer l’Apoxyomène du Ier siècle, l’une des plus anciennes sculptures connues représentant un homme le bras levé. Sur la gauche en entrant, l’Apollon du Belvédère est une reproduction en marbre du IIe siècle d’un bronze grec du IVe siècle av. J.-C. Représentation magnifiquement proportionnée du dieu du Soleil, on le considère comme l’un des chefs-d’œuvre de la statuaire grecque classique. À côté, le groupe du Laocoon illustre la mort du prêtre troyen qui voulut dissuader ses concitoyens d’accepter le cheval de bois laissé par les Grecs. À l’intérieur, la salle des Animaux (Sala degli Animali) renferme des statues d’animaux et de magnifiques mosaïques du IVe siècle. Ensuite, dans la salle des Muses (Sala delle Muse), trône le Torse du Belvédère, une sculpture grecque du Ier siècle av. J.-C. qui fut découverte sur le Campo de’ Fiori. Michel-Ange s’en servit comme modèle pour ses Ignudi (nus masculins) dans la chapelle Sixtine. La salle suivante, la Salle ronde (Sala Rotonda), contient plusieurs statues colossales, notamment l’Hercule, un bronze doré. L’énorme vasque au centre de la pièce, composée d’un seul bloc de porphyre rouge, fut trouvée dans la Domus Aurea de Néron. 

Le Museo Gregoriano Egizio 

Grégoire XVI fonda ce musée égyptien en 1839 pour y exposer les pièces rapportées d’Égypte sous l’Empire romain. Le fonds comprend des œuvres splendides, dont la partie d’une statue représentant le pharaon Ramsès II sur son trône, des sarcophages en bois aux couleurs vives datés d’environ 1 000 ans av. J.-C., et une momie

Le Museo Gregoriano Etrusco 

Au sommet de l’escalier Simonetti, datant du XVIIIe siècle, ce musée passionnant renferme des objets retrouvés dans les tombeaux étrusques du nord du Latium, ainsi qu’une superbe collection de vases et d’antiquités romaines. Contemplez le Mars de Todi, un guerrier en bronze noir de la fin du Ve siècle av. J.-C., dans la salle III. 

La Galleria dei Candelabri et Galleria degli Arazzi 

Autrefois loggia ouverte, la galerie des Candélabres (Galleria dei Candelabri) foisonne de statuaire classique et tient son nom de ses candélabres en marbre sculpté. La galerie des Tapisseries (Galleria degli Arazzi), qui lui fait suite, expose d’immenses tapisseries. Celles sur la gauche furent tissées à Bruxelles au XVIe siècle. 

La Galleria delle Carte Geografiche et Sala Sobieski 

Trésor méconnu, la galerie des Cartes, longue de 120 m, est tapissée de quarante cartes topographiques, toutes réalisées entre 1580 et 1583 pour Grégoire XIII d’après les relevés d’Ignazio Danti, l’un des grands cartographes de son temps. Après la galerie, la Sala Sobieski est ornée d’un immense tableau du XIXe siècle représentant la victoire du roi de Pologne, Jean III Sobieski, sur les Turcs en 1683. 

Les Stanze di Rafaello, les chambres de Raphaël

Ces quatre chambres décorées de fresques furent autrefois les appartements privés du pape Jules II. Raphaël en personne peignit la Stanza della Segnatura (1508-1511) et la Stanza d’Eliodoro (1512-1514), tandis que la Stanza dell’Incendio di Borgo (1514-1517) et la Sala di Costantino (1517-1524) furent décorées par des élèves selon les dessins du maître. Première dans l’ordre de visite, la Sala di Costantino, à l’origine une salle de réception pour les cérémonies, est dominée par la Bataille de Constantin contre Maxence, montrant la victoire de Constantin, premier empereur chrétien de Rome, sur son rival Maxence au pont Milvius. À la sortie de cette salle, la Cappella di Niccolina V (souvent fermée au public), chapelle privée du pape Nicolas V, abrite un superbe cycle de fresques de Fra Angelico. 

La Stanza d’Eliodoro, utilisée pour les audiences privées du pape, tire son nom de la Cacciata d’Eliodoro (Héliodore chassé du temple), une œuvre allégorique évoquant la capacité du pape Jules à chasser les puissances étrangères des terres ecclésiastiques. À droite, La Messe de Bolsène représente Jules II commémorant un miracle survenu dans la petite ville lacustre de Bolsène au XIIIe siècle. Admirez à côté la Rencontre de Léon le Grand et d’Attila. Sur le quatrième mur, la formidable Délivrance de saint Pierre, allusion à l’emprisonnement du pape Léon après la bataille de Ravenne, illustre la façon magistrale dont le peintre savait rendre la lumière. Bureau et bibliothèque de Jules II, la Stanza della Segnatura fut la première pièce à être peinte par Raphaël. Elle abrite son chef-d’œuvre, L’École d’Athènes, représentant des philosophes et des érudits rassemblés autour de Platon et d’Aristote. Le personnage solitaire assis devant l’escalier serait Michel-Ange, tandis que Platon (pointant le ciel) aurait le visage de Léonard de Vinci. En bas à droite, Euclide (l’homme dégarni qui se penche) est un portrait de Bramante. Enfin, Raphaël s’est représenté lui-même en bas à droite de la fresque (le deuxième personnage à partir de la droite, portant un chapeau noir). Sur le mur d’en face figure La Dispute du Saint-Sacrement, de Raphaël également. L’œuvre la plus célèbre de la Stanza dell’Incendio di Borgo, ancienne salle de la haute cour du Saint-Siège, devenue plus tard salle à manger, est L’Incendie du Borgo. Elle représente Léon IV réussissant à éteindre le feu en traçant le signe de la croix. Le plafond de cette chambre fut peint par le Pérugin, le maître de Raphaël. Des chambres de Raphaël, un escalier mène vers l’Appartamento Borgia et la collection d’art religieux moderne du Vatican. 

La Chapelle Sixtine (Cappella Sistina) 

Joyau du Vatican, la chapelle Sixtine abrite deux des plus célèbres œuvres d’art au monde : les fresques de la voûte et le Jugement dernier (Giudizio Universale), réalisés par Michel-Ange.

Histoire de la Chapelle Sixtine

La chapelle fut construite pour le pape Sixte IV, d’où son nom de Sixtine, et consacrée le 15 août 1483. Cet immense édifice, de 40,2 m de long sur 13,4 m de large et 20,7 m de haut – les mêmes dimensions que le temple de Salomon mentionné dans la Bible –, à l’architecture relativement simple, devait déjà être impressionnant avant l’intervention de Michel-Ange. Ses murs étaient couverts de fresques réalisées par les plus grands artistes de la Renaissance, et son plafond voûté était peint à l’image d’un ciel bleu parsemé d’étoiles. Le sol était pratiquement tel qu’on le voit aujourd’hui, pavé de marbres polychromes. C’est toutefois à Michel-Ange et à ses deux œuvres incomparables, qui remplacèrent l’essentiel du décor d’origine, que la chapelle doit sa renommée actuelle. 

La voûte, commandée par le pape Jules II, fut peinte entre 1508 et 1512 tandis que le spectaculaire Jugement dernier fut achevé pratiquement 30 ans plus tard, en 1541. Sujettes à controverses, ces deux œuvres reflètent les ambitions politiques de leurs commanditaires. La peinture de la voûte faisait partie du projet de Jules II de faire de Rome la capitale et la vitrine de l’Église. De son côté, le pape Paul III voulait que le Jugement dernier serve d’avertissement aux catholiques afin de les inciter à conserver leur foi tandis que la Réforme balayait l’Europe. Plus récemment, la restauration de la chapelle, achevée en 1999 après près de 20 ans de travaux et plusieurs millions de dollars de dépense, a fait l’objet de certaines controverses. En enlevant 450 ans de poussière et de fumée de cierges, la restauration a permis de ranimer les fresques dans toute la richesse de leurs couleurs d’origine. Certains critiques ont toutefois déploré le retrait d’une couche finale que Michel-Ange aurait ajoutée pour les assombrir et en renforcer les contrastes, laquelle aurait été prise pour un simple repeint. 

La voûte peinte par Michel-Ange

Le défi artistique et technique représenté par la voûte de la chapelle Sixtine, qui nécessitait de peindre une fresque de 800 m2 , à plus de 20 m de haut, est une démonstration éclatante du génie de Michel-Ange. Quand le pape Jules II demanda à Michel-Ange de décorer la chapelle, l’artiste hésita à accepter. Il se considérait avant tout comme un sculpteur et n’avait que peu d’expérience de la peinture. Jules II réussit cependant à le convaincre d’accepter cette commande en 1508, contre un montant de 3 000 ducats (entre 1,5 et 2 millions d’euros actuels). 

Jules II souhaitait que Michel-Ange peigne les douze apôtres et une série d’éléments architecturaux décoratifs. L’artiste préféra un projet plus ambitieux illustrant des épisodes du livre de la Genèse. Les fresques au plafond sont composées des neuf panneaux centraux avec, disposés tout autour, vingt nus d’hommes athlétiques, les fameux Ignudi. Ces derniers provoquèrent un scandale quand ils furent dévoilés et, encore aujourd’hui, les historiens restent divisés sur leur symbolique : certains y voient des anges, d’autres une représentation néoplatonicienne de l’homme idéal vu par Michel-Ange. Cinq sibylles et sept prophètes figurent sur la voûte. On pense que ces figures païennes et chrétiennes symbolisent l’attente perpétuelle de rédemption de l’humanité. 

Les fresques murales de la chapelle

Les superbes fresques ornant les murs latéraux de la chapelle Sixtine furent peintes en 1481-1482 par d’illustres artistes de la Renaissance, dont Botticelli, Ghirlandaio, le Pinturicchio, le Pérugin et Signorelli. Elles représentent des épisodes de la vie de Moïse (à gauche lorsqu’on regarde le Jugement dernier) et du Christ (à droite). Parmi les plus remarquables figurent la Tentation du Christ de Botticelli (deuxième fresque sur la droite) et Le Christ remettant les clés à saint Pierre du Pérugin (cinquième fresque sur la droite). Le Jugement dernier (Giudizio Universale) Michel-Ange revint à la chapelle Sixtine entre 1535 et 1541 pour y peindre le Jugement dernier, une fresque de 200 m2 centrée sur la figure du Christ qui recouvre le mur surmontant l’autel. Commandé par le pape Clément VII et repris par son successeur Paul III, ce projet suscita d’emblée la controverse. Deux fresques du Pérugin furent détruites pour préparer le mur, lequel fut entièrement replâtré afin d’être incliné vers l’intérieur pour le protéger de la poussière. Lorsqu’elle fut dévoilée en 1541, cinq ans après que Michel-Ange eut commencé à peindre, cette œuvre à la composition dramatique et mouvementée de 391 corps entremêlés, et pour la plupart nus, provoqua un scandale. Les autorités de l’Église, réunies en 1564 au concile de Trente, ordonnèrent de couvrir les nus. La tâche incomba à Daniele da Volterra, l’un des élèves de Michel-Ange, qui rajouta feuilles de vigne et autres effets de drapé sur 41 nus, gagnant ainsi le surnom d’il Braghettone (“le Culottier”). Pour sa part, Michel-Ange rejeta les critiques. Il prit même sa revanche sur l’un de ses plus virulents détracteurs, Biagio da Cesena, maître des cérémonies papales en le représentant en Minos, juge des Enfers, affublé d’oreilles d’âne et d’un serpent enroulé autour du corps. 

Informations pratiques 

Pour plus d'informations concernant les horaires, les tarifs et les visites des musées et de la Chapelle Sixtine, consultez le site des Musées du Vatican.

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